TOURBE

Qu’est-ce que la tourbe?

 

La tourbe est un dépôt organique constitué de matière organique végétale partiellement décomposée. Ce dépôt se forme dans les tourbières – des milieux où l’accumulation de matière organique l’emporte sur la décomposition en raison des conditions anoxiques causées par la saturation en eau, le manque d’oxygène et la forte acidité qui y règnent.

TYPES DE TOURBE

Dans les régions tempérées, boréales et subarctiques, où les basses températures (inférieures au point de congélation pendant de longues périodes en hiver) réduisent le taux de décomposition, la tourbe est formée principalement de bryophytes (surtout des sphaignes), de plantes herbacées, d’arbustes et de petits arbres. C’est le cas au Canada où la tourbe de sphaigne est celle la plus utilisée industriellement pour la production de terreaux horticoles.

Dans les régions tropicales humides de basse altitude, la tourbe provient principalement de la décomposition de la matière organique des arbres et des herbacées soumis à des températures annuelles élevées quasi constantes. D’autres types de tourbe existent aussi dans certaines parties du monde ou sous certaines conditions particulières, mais toutes dépendent d’une condition-clé : l’accumulation de la matière organique.

Composition botanique

La nature de la tourbe varie selon ses composantes botaniques originales et son stade de décomposition.

Les types de végétation qui composent la tourbe affectent ses propriétés physiques. Par exemple, la tourbe de sphaigne sera blonde et spongieuse, alors que la tourbe de carex sera caractérisée par des couches fibreuses.

La couleur de la tourbe reflète souvent son âge et son degré de décomposition. La couleur d’une tourbe plus jeune varie de blonde à brun pâle et les restes de plantes sont toujours facilement identifiables. Par conséquent, une tourbe plus vieille est plus décomposée, de couleur plus foncée et les restes de plantes sont plus difficiles à identifier. Le degré de décomposition de la tourbe se mesure en utilisant l’échelle Von Post : H1 se réfère à une tourbe spongieuse et légèrement décomposée et H10 à une tourbe noire beaucoup plus décomposée et à consistance pâteuse.

ÉCHELLE VON POST

  • H1 : La couche vivante et la première couche de tourbe peu décomposée (blonde ou brune très pâle)
  • H2 – H4 : Blonde à brune pâle / texture grossière, spongieuse / restes de plantes individuelles distincts / légèrement décomposée
  • H5 : Brune / texture légèrement savonneuse / restes de plantes difficiles à distinguer / modérément décomposée
  • H6 – H9 : Brune foncée à noire / texture savonneuse à pâteuse / quelques restes de plantes identifiables / très décomposée
  • H10 : Matière amorphe, complètement décomposée

Les utilisations
de la tourbe

La principale utilisation de la tourbe au Canada demeure l’horticulture, d’où son appellation de « tourbe horticole ». L’industrie horticole de la tourbe joue un rôle essentiel dans la sécurité alimentaire et le bien-être en Amérique du Nord.

La tourbe stimule le développement des plantes et des racines en améliorant la structure du support de croissance. Elle augmente également la capacité tampon du sol et empêche le lessivage des éléments contenus dans les fertilisants. La tourbe améliore la porosité et la capacité de rétention en eau, ce qui en fait un ingrédient de choix pour les substrats horticoles. La tourbe a aussi la capacité d’alléger les sols argileux et d’améliorer leur porosité lorsqu’utilisée comme amendement.

La tourbe horticole produite au Canada est en grande majorité utilisée pour la production de semis destinés à la culture en champ ainsi qu’à la production en serre de légumes, de petits fruits, de champignons et de fines herbes. La production de cannabis ou de semis d’arbres destinés à la reforestation représentent aussi des secteurs dans lesquels la tourbe est largement utilisée. À ces usages s’ajoutent les terreaux pour le jardinage à la maison ainsi que la création de toits et de murs végétaux.

La tourbe peut aussi être utilisée comme absorbant écologique pour nettoyer les déversements d’hydrocarbures à la fois sur la terre et sur l’eau. En subissant un traitement thermique, la tourbe devient hydrofuge; cette procédure donne à la tourbe la capacité de repousser l’eau, tout en absorbant les hydrocarbures!

Air

Les procédés biologiques pour le traitement de l’air, en particulier la biofiltration, constituent une application appréciée de par son efficacité, son aspect environnemental et son coût peu élevé. Le processus de biofiltration consiste à transformer les molécules responsables des émissions d’odeurs et de gaz polluants (NH3, H2S, CH4) par des micro-organismes fixés sur un matériel filtrant tel que la tourbe. Ce type de biofiltre est utilisé, entre autres, pour traiter l’air des sites de compostage et des usines agro-alimentaires.

Eau

Les propriétés de la tourbe de sphaigne en font également un matériau de choix dans le traitement des eaux usées. Étant donné que la tourbe de sphaigne est fibreuse, poreuse et très stable, elle filtre les effluents et accélère la biodégradation des résidus d’eaux usées.

La tourbe bien décomposée possède une capacité thermique élevée; elle est alors idéale dans les traitements de massothérapie puisqu’elle favorise la relaxation et stimule la circulation sanguine. Elle offre également les avantages des oligo-éléments, des vitamines, des glucides, des lipides, des polyphénols et de l’acide humique.

Dans certains pays, la tourbe peut être utilisée comme combustible, mais cette tendance tend à disparaitre en raison des impacts environnementaux, entre autres, sur les émissions de gaz à effet de serre. Au Canada, la tourbe a été très peu employée comme combustible dans le passé et ne l’est plus du tout de nos jours en raison de la grande disponibilité d’autres ressources beaucoup plus adaptées, dont le bois.

La tourbe est un matériau surprenant qui fait sans cesse l’objet de nouvelles utilisations et de recherches afin de mettre en valeur ses caractéristiques, et ce, dans des domaines aussi variés que les procédés industriels et les créations artistiques. De la litière pour animaux, aux matériaux de construction écologiques en passant par les textiles et le papier artisanal, ouvrez l’œil : la tourbe fait probablement déjà partie de votre quotidien!

L’histoire de la tourbe

 

À l’époque romaine, la tourbe était déjà utilisée comme combustible dans les foyers. Depuis, elle a continué de jouer un rôle économique important dans les pays où les ressources forestières sont peu abondantes, dont en Irlande et en Écosse, où elle a servi de source locale de combustible en remplacement du bois. En Finlande et en Irlande, la tourbe a été employée, jusqu’à récemment, à une échelle industrielle pour produire de l’électricité. Ailleurs en Europe et en Amérique du Nord, la tourbe sert presqu’exclusivement en horticulture.

CANADA

1864

Comme en Europe, l’intérêt initial de la tourbe au Canada est centré sur la production de combustible. Les opérations commerciales commencent d’abord au Québec, en 1864, et s’étendent plus tard à l’Ontario, mais le niveau d’activité demeure à petite échelle.

1890

Une petite usine pour la production de tourbe de sphaigne est construite près de Saint John, au Nouveau-Brunswick. La tourbe produite par la «  Musquash Moss Litter Company » est alors vendue comme litière pour les chevaux; les opérations de l’entreprise ont cessé en 1895 après que celle-ci ait brûlé.

1914-1918

Au cours de la Première Guerre mondiale, de la sphaigne et de la tourbe sont récoltées dans les tourbières près de Saint John, au Nouveau-Brunswick, pour la production de pansements chirurgicaux.

1918-1939

Afin de réduire sa dépendance au charbon importé, le gouvernement canadien mène plusieurs enquêtes sur les ressources de tourbe à travers le pays.

1939-1945

Avant la Seconde Guerre mondiale, la majorité de la tourbe de sphaigne utilisée en Amérique du Nord provient de l’Europe, plus particulièrement des pays scandinaves, des Pays-Bas et de l’Allemagne. En raison de la guerre, l’approvisionnement traditionnel de tourbe est interrompu et les efforts pour développer des sources locales déclenchent l’ère moderne de la production de tourbe au Canada, principalement en Colombie-Britannique, au Québec et au Nouveau-Brunswick.

1945-1960

Les entreprises canadiennes deviennent les principaux fournisseurs de tourbe de sphaigne pour le marché nord-américain. Bien que principalement utilisée comme litière pour les animaux, la tourbe se retrouve aussi en horticulture et en tant que matériau d’emballage et d’isolation. La récolte consistait alors à découper des blocs de tourbe à la main, à l’aide de pelles, et à les empiler pour séchage. Les blocs étaient ensuite broyés et tamisés à l’usine et pressés en balles. La productivité s’est accrue à la suite de l’importation de machines de coupe provenant d’Europe.

1970

Les producteurs de tourbe abandonnent progressivement la méthode de coupe par blocs en faveur de la méthode de broyage en utilisant des machines de récolte sous vide (aspirateurs)pour recueillir la tourbe.

1970-1990

C’est une période de croissance et de diversification de la production avec le développement de terreaux spécialisés destinés aux différents marchés horticoles. Les opérations et le maniement des balles sont grandement facilités par la venue de l’automatisation.

1992

Les producteurs canadiens de tourbe horticole sont à l’origine du premier projet de recherche sur la restauration des tourbières, mené par le Groupe de recherche en écologie des tourbières (GRET) de l’Université Laval. Cela conduit au développement de l’expertise canadienne dans la recherche de la restauration des tourbières.

2000-2010

Étant le premier producteur de tourbe horticole dans le monde, l’industrie canadienne de la tourbe domine le marché nord-américain et est présente dans de nombreux autres pays. Elle est également un modèle sur le plan de son approche de gestion pour le développement de la ressource puisqu’elle souscrit pleinement à la notion de durabilité et à l’utilisation responsable de la ressource. Le développement d’une certification prend forme et la restauration écologique devient pratique courante.

2015

L’industrie canadienne de la tourbe publie son premier rapport de responsabilité sociale.

EUROPE

12e et 13e siècles

La tourbe devient une source d’énergie de plus en plus importante en Europe. À cette époque, les superficies tourbeuses valent trois fois plus que les terres agricoles.

17e siècle

La tourbe commence à être utilisée comme combustible dans les industries du textile, de la faïence et du brassage de la bière. Elle sert également à améliorer les sols.

1730

Un nouveau produit apparaît : la cendre de tourbe. La combustion de tourbe pour chauffer les maisons produit des cendres riches en phosphore avec des quantités mineures de potassium. Ces cendres sont utilisées comme engrais en agriculture.

19e siècle

L’Allemagne développe une technologie de récolte pour produire de la tourbe combustible pressée en briquettes. Les avantages de la tourbe horticole sont désormais reconnus.

20esiècle

Une nouvelle méthode de récolte de tourbe est introduite : après le broyage de la tourbe en surface, de grands aspirateurs sous vide recueillent la pellicule superficielle de tourbe sèche.

Aujourd’hui

L’utilisation de la tourbe pour la production d’énergie a cessé dans la plupart des pays, sauf en Irlande et en Finlande. La valeur de la tourbe de sphaigne en horticulture est reconnue à travers le monde et le Canada en est le principal exportateur.

LES CARACTÉRISTIQUES DE LA TOURBE HORTICOLE

Pourquoi la tourbe horticole est-elle si précieuse pour les horticulteurs?
Parce que ses caractéristiques uniques donnent des résultats uniques!

Voici quelques qualités qui font de la tourbe un produit unique recherché en horticulture et en agriculture comme composante principale des substrats de croissance ou comme amendement de sol :

  • Elle améliore la structure des sols minéraux et augmente la rétention en eau des sols sableux (sol léger), ce qui permet de réduire le lessivage des éléments nutritifs. Elle peut retenir jusqu’à 20 fois son poids en eau!
  • Elle accentue l’aération des sols argileux lourds, ce qui favorise la respiration et la croissance des racines ainsi que l’absorption des éléments nutritifs.
  • Elle bonifie le pouvoir tampon du sol, puisque la tourbe est très tolérante aux variations de pH, tout en augmentant la capacité d’échange cationique (CEC), ce qui permet de retenir les éléments minéraux et de les relâcher lentement (évitant ainsi le lessivage des fertilisants).
  • Elle procure une matière naturelle, exempte de mauvaises herbes et de contaminants.

La tourbe permet donc aux végétaux de croître dans un sol aéré et bien structuré, garantissant des plants sains et vigoureux. De plus, la tourbe est un intrant approuvé dans le cas de productions certifiées biologiques.

LA TOURBE DANS
VOTRE JARDIN

LA TOURBE DANS VOTRE JARDIN

Pourquoi jardiner? Tout simplement parce que c’est bon pour…

Ma santé, en :

  • améliorant ma condition physique et mon niveau d’énergie;
  • réduisant mon niveau de stress;
  • fournissant des fruits, légumes, herbes et des aromates frais dont la qualité est garantie;
  • stimulant ma créativité;
  • facilitant les échanges avec mon entourage : discussions, trucs, conseils entre amis, voisins, etc.

L’environnement, en :

  • produisant de l’oxygène;
  • diminuant la pollution atmosphérique;
  • améliorant la qualité de l’eau (réduction de l’érosion, ralentissement du ruissellement des eaux de surface);
  • produisant des végétaux localement (réduction des produits importés);
  • abaissant la température par le verdissement des milieux urbains.

Mes économies, en :

  • bonifiant la valeur de ma maison;
  • représentant une activité peu coûteuse et située à proximité;
  • produisant une partie des fruits, légumes et herbes consommés à la maison.