RESTAURATION

LA RESTAURATION DES TOURBIÈRES

Objectif de la restauration

L’objectif de la restauration des tourbières après la récolte de la tourbe vise le rétablissement des mécanismes d’autorégulation permettant à la tourbière de retrouver ses fonctions dont, entre autres, sa capacité à accumuler de la tourbe.

L’approche de restauration des tourbières, aussi appelée la « méthode de transfert de la couche muscinale » a été développée par le biais d’un vaste programme de recherche. Elle repose sur deux actions principales :

1. La réintroduction active des espèces végétales des tourbières, ainsi que l’application de diverses techniques pour améliorer les conditions qui favoriseront l’établissement des plantes;

2. Le remouillage de la tourbière.

Des équipements standards employés en agriculture ou pour la récolte de tourbe servent à  recueillir et disperser les fragments de plantes et le paillis sur de grandes surfaces.

La restauration des tourbières est un processus qui s’étend sur plusieurs années. Son succès est mesuré par l’étude de la croissance des communautés végétales et par d’autres facteurs qui influent sur l’écosystème comme l’hydrologie et le cycle du carbone.

Les dernières statistiques sur les superficies restaurées peuvent être consultées ici.

Guide de restauration des tourbières

Un premier guide de restauration a été publié en 1997 par le GRET. Ressource indispensable, une seconde édition beaucoup plus étoffée a vu le jour en 2003.

En 2019 et 2020, le chapitre entier portant sur la méthode de restauration (chapitre 3) a été revu et réédité en fascicules indépendants regroupés en quatre thèmes :

N’hésitez pas à demander votre copie papier.

Les étapes de restauration

Récolte de matériel végétal (fragments de plantes) dans un site d’emprunt

La végétation de surface d’un site d’emprunt est coupée à l’aide d’un rotoculteur sur une profondeur maximale de 10 cm. Les fragments de plantes sont ensuite ramassés et transportés vers le site à restaurer.

La végétation du site d’emprunt se régénère rapidement car seule la partie supérieure est récoltée. Ainsi, un site d’emprunt peut être utilisé plusieurs fois.

Préparation du site à restaurer

Un niveleur est utilisé pour aplanir uniformément le terrain, rafraîchir la surface de la tourbe et construire des andains ou petites digues qui assureront une bonne répartition de l’eau.

Réintroduction des plantes

Un épandeur de fumier dispose la sphaigne et les autres fragments de plantes sur le site de restauration. Un ratio d’introduction de 1:10 est suivi, c’est-à-dire que 1 m2 de matériel végétal provenant du site d’emprunt est réparti sur 10 m2 de surface à restaurer.

Les sphaignes constituent les espèces clés de la restauration des tourbières ombrotrophes. Elles permettent le rétablissement d’un tapis de mousse capable d’initier des mécanismes d’autorégulation et finalement de restaurer la fonction d’accumulation de tourbe.

Épandage de la paille

L’épandage de la paille sert à couvrir et protéger les fragments de plantes. Cette étape améliore les conditions microclimatiques à la surface de la tourbe et prévient le dessèchement du matériel végétal.

Fertilisation

Une dose très légère de phosphore peut être appliquée pour favoriser la colonisation de plantes dites «compagnes» qui facilitent l’établissement des sphaignes.

Blocage des canaux de drainage

Le blocage des canaux de drainage rehausse le niveau de la nappe phréatique et permet de remouiller pleinement la tourbière, ce qui est essentiel pour la croissance des sphaignes et autres plantes de tourbières.

La restauration des fens

Les guides présentés plus haut décrivent la méthode de transfert de la couche muscinale (MTCM) pour la restauration des tourbières à sphaignes. Le GRET travaille aussi à développer d’autres techniques mieux adaptées à la restauration des tourbières dont la tourbe résiduelle correspond davantage à celle d’un fen que d’un bog. La remontée de la nappe phréatique et la réintroduction d’espèces végétales typiques de milieux plus minérotrophes sont alors visées.

Autres options de réaménagement

Selon le contexte spécifique (environnemental, social et économique) et les règlements en vigueur, d’autres options de réaménagement peuvent être considérées, telles que la plantation d’arbres, la culture de petits fruits et la création de mares et marais.