L’industrie canadienne de la tourbe horticole est fière d’annoncer la publication de trois nouveaux fascicules du Guide de restauration des tourbières. Ces nouveaux documents s’ajoutent à un premier fascicule paru en 2019. L’ensemble des quatre fascicules forme une version mise à jour du guide publié en 2003, et le contenu est le résultat d’une longue série de recherches scientifiques et d’amélioration continue des méthodes de restauration des tourbières.

Le Guide de restauration des tourbières est l’outil incontournable pour tous les producteurs de tourbe et autres intervenants en milieux humides qui souhaitent appliquer avec succès la méthode de transfert de la couche muscinale (MTCM) pour la restauration de tourbières à sphaignes. « En plus d’intégrer les progrès faits en restauration des tourbières depuis 2003, l’approche décrite dans la nouvelle version du guide s’appuie maintenant sur les résultats de nombreux projets de restauration réalisés par l’industrie de la tourbe au Canada », mentionne Francois Quinty, auteur.

« Une version préliminaire du nouveau guide a été testée en octobre 2019 avec quelques producteurs lors d’un atelier sur la restauration, ce qui a permis d’en bonifier le contenu. Le comité scientifique de l’industrie a également été consulté afin de prendre en compte leur expertise dans l’application de la restauration » ajoute Stéphanie Boudreau, coordonnatrice scientifique de l’Association de tourbe de sphaigne canadienne (CSPMA) et directrice du créneau d’excellence Tourbe et substrat.

Nouvelles informations

Les fascicules explorent les sujets suivants :

Planification de la restauration : Le fascicule commence par un court rappel de la méthode de transfert de la couche muscinale (le terme « muscinal » réfère aux mousses qui constituent un élément important de la végétation des tourbières), puis détaille les étapes de la planification des projets de restauration.

Préparation du site et remouillage : Ce fascicule décrit la façon de conditionner le terrain, de gérer la circulation et la rétention de l’eau par la construction de digues, d’assurer la connectivité du secteur restauré aux terrains adjacents et de remouiller le site par le blocage des fossés.

Récolte du matériel végétal et gestion des sites donneurs : Ce premier fascicule paru en octobre 2019 met l’accent sur la sélection et la gestion des sites donneurs. Les nombreux travaux de restauration réalisés depuis 2003 ont révélé l’importance de ces éléments pour le succès de la restauration.

Épandage du matériel végétal, du paillis et du fertilisant : Le fascicule décrit en détail les étapes de l’épandage du matériel végétal, du paillis et du fertilisant.

Marie-Claire LeBlanc, autrice, explique : « la méthode offre des options de restauration à la fois opérationnellement réalistes et scientifiquement valides pour toute une variété de sites et de conditions. De plus, les conditions résiduelles idéales pour la restauration sont présentées, ce qui devrait servir de barème pour l’utilisation et la gestion responsable des tourbières. »

Au fil des ans, la recherche scientifique a montré que les tourbières naturelles agissent comme des puits de carbone, mais que les activités liées à la récolte de tourbe convertissent ces écosystèmes en sources de gaz à effet de serre. La restauration des tourbières permet le retour de la fonction de puits de carbone dans un délai de 10 à 15 ans. En ajoutant à cela le rétablissement progressif de la biodiversité et le retour des services écologiques rendus par les tourbières, l’industrie et la communauté scientifique s’accordent pour dire que la restauration est une pratique incontournable.

« Après plus de 25 ans d’application à grande échelle de la méthode de restauration des tourbières à sphaignes, et ce, sous toutes sortes de conditions climatiques, nous savons maintenant que l’approche est robuste. Ainsi il n’y a plus aucune raison technologique de ne pas restaurer une tourbière dégradée qui présente un sol compatible (pH acide, non contaminé) » conclut Line Rochefort, autrice.

Le Guide de restauration des tourbières est publié conjointement par le Groupe de recherche en écologie des tourbières (GRET), l’Association de tourbe de sphaigne canadienne (CSPMA) et l’Association des producteurs de tourbe horticole du Québec (APTHQ). Sa publication est rendue possible grâce à la participation financière de Développement économique Canada pour les régions du Québec (DEC) et le ministère de l’Économie et de l’Innovation (MEI) grâce au créneau d’excellence Tourbe et substrats.

À propos des auteurs

François Quinty, M. A. géographe

À la suite de sa maîtrise terminée en 1988, François Quinty s’est spécialisé dans le domaine des tourbières lorsqu’il s’est joint, en 1992, au Groupe de recherche en écologie des tourbières (GRET) où il a travaillé à développer et appliquer une approche de restauration des tourbières en collaboration avec l’industrie canadienne de la tourbe. Il a contribué à plusieurs projets de recherche au Canada et aux États-Unis afin d’adapter les méthodes de restauration des tourbières à des contextes spécifiques. M. Quinty a aussi travaillé sur plusieurs projets de restauration de milieux perturbés, allant de la mise en végétation de sites miniers à la conception de milieux humides pour des projets de compensation, notamment pour des projets miniers et industriels en Abitibi-Témiscamingue et dans le Nord-du-Québec. Il a été responsable ou a participé à plusieurs études de caractérisation et d’inventaires de la végétation, des milieux humides et de la faune. Il a dirigé des études d’impact environnemental pour des projets de développement de tourbières au Québec, au Nouveau-Brunswick, en Saskatchewan et au Manitoba. Il a aussi contribué à des études d’impact pour des projets de lignes de transport d’énergie. Il est à l’emploi de WSP Canada depuis 2015.

Marie-Claire LeBlanc, M. ATDR

Marie-Claire LeBlanc est géographe et diplômée en aménagement du territoire (M. ATDR), diplôme obtenu en 2008. Elle a occupé pendant 10 ans le poste de professionnelle de recherche au Groupe de recherche en écologie des tourbières (GRET) où elle a coordonné les équipes et les activités de recherche à travers le Canada. Mme LeBlanc a aussi participé à la conception et à la supervision de nombreux projets de restauration de tourbières à travers le Canada. D’abord responsable du volet de recherche sur les fens, elle a ensuite contribué à adapter les méthodes de restauration développées dans l’est du pays vers les provinces des prairies et les provinces de l’ouest. Elle a aussi travaillé à la restauration de perturbations linéaires liées au transport hydroélectrique et à l’industrie pétrolière, au Québec et en Alberta. Enfin, Mme LeBlanc a organisé et animé de nombreuses formations, conférences et excursions en tourbières afin de faire connaître les méthodes de restauration et les plus récentes avancées scientifiques sur le sujet.

Line Rochefort, Ph. D. (botanique)

Line Rochefort est une pionnière de la recherche liée à la restauration des tourbières. Elle est professeure au département de phytologie et fondatrice du Groupe de recherche en écologie des tourbières (GRET) à l’Université Laval, à Québec. Le GRET rassemble des chercheurs de plusieurs universités, des partenaires de l’industrie de la tourbe horticole canadienne et des agences gouvernementales fédérales et provinciales pour faire progresser la compréhension des écosystèmes des tourbières et éclairer les décisions concernant leur utilisation et leur conservation. Mme Rochefort a lancé un tout nouveau courant de recherche dans l’industrie de la tourbe : le développement de techniques pour la restauration des tourbières après la récolte de la tourbe. La technique de restauration des tourbières est désormais utilisée non seulement en Amérique du Nord, mais également en Amérique du Sud (Chili) et en Europe (en particulier dans les pays baltes, au Danemark et en Belgique). De 2003 à 2018, Line Rochefort a été la titulaire de la Chaire de recherche industrielle du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG) sur la gestion des tourbières. Elle dirige depuis 2018 un nouveau programme grâce à une subvention de recherche et développement coopérative (RDC) du CRSNG qui permet de poursuivre la collaboration entre les chercheurs du GRET et l’industrie de la tourbe canadienne. En 2004, elle a reçu le prestigieux prix Synergie pour l’innovation du CRSNG et, en 2011, elle a reçu le prix d’excellence de l’International Peatland Society (IPS). Line Rochefort est correspondante nationale pour le Canada pour le Groupe d’évaluation scientifique et technique (GEST) de la Convention de Ramsar depuis avril 2019.

(N’hésitez pas à demander votre copie papier)